mercredi 13 mars 2013

Sedan



La spécialité gastronomique de Sedan (danse en verlan) est la « cacasse à cul nu ». Une fricassée de pommes de terre, oignons, ail et vin blanc. C’est tout. Un festin de prolo simplissime et grandiose. On peut aussi y ajouter quelques tranches de lard mais dans ce cas, la cacasse n’est plus « à cul nu ». Les membres de la Confrérie de la Cacasse, une vingtaine d’épicuriens dont la devise est  « Tout passe, tout lasse, pas la cacasse », sont formels sur ce point.
C’est aussi dans cette vieille ville industrielle qu’auraient été créés les jardins ouvriers en 1889 un siècle exactement après la Révolution. Un groupe de dames patronnesses, scandalisées par la misère qui régnait dans la ville, auraient décidé de confier un lopin de terre aux ménages les plus pauvres pour qu’ils puissent cultiver des fruits et des légumes, surtout des patates pour la cacasse. 
Si l’on est adepte du shopping « made in France », un bon plan à Sedan :  les ateliers de la Pantoufle  Ardennaise.  On y trouve même un modèle spécial  « supporter de salon » pour encourager douillettement le Club Sportif Sedan Ardennes qui peine en Ligue 2.

mardi 12 mars 2013

Charleville-Mézières

 
On s’attendait à ce que le plus célèbre des carolomacériens, Arthur Rimbaud, soit servi à toutes les sauces dès le hall d’arrivée de la gare. Un peu comme Mozart à Salzbourg. Et bien pas du tout. L’exploitation commerciale du poète se résume à une librairie papeterie, une résidence médicalisée, un charmant petit musée installé dans un ancien poste d’octroi au bord de la Meuse et un bar-brasserie qui propose une carte tout à fait classique. Mais que pourrait bien être une cuisine rimbaldienne ? Une cuisine dont tous les ingrédients seraient obligatoirement cités au moins une fois dans son œuvre ?

Biscuit de la route (Vagabond)
Blé (Sensation)
Bonbons habillés d’or (les étrennes des orphelins)
Bouillon court sur la rouille (le Loup criait)
Cassis (La rivière de Cassis)
Chou vert (les poètes de sept ans)
Confiture exquise (le bateau ivre)
Coq (Bonheur)
Crèmes brunes (les mains de Jeanne-Marie)
Cresson bleu (Le dormeur du val)
Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse d’ail (Au cabaret vert)
Fruit d’Asie (Bouts-rimés)
Haricots (Un Cœur sous une soutane)
Laurier (Aube)
Légumes aqueux (l’Impossible)
Lourd pain blond (Les effarés)
Mouron ( Mes petites amoureuses)
Mûre (Jeune ménage)
Noirs raisins (Soleil et chair)
Oeufs à la coque ( Mes petites amoureuses)
Olive (Sonnet du trou du cul)
Omelette au lard (Un Cœur sous une soutane)
Oranges  (les mains de Jeanne-Marie)
Pains couchés aux vallées grises ! (Fêtes de la faim)
Pêche (La Maline)
Poire (Jeune goinfre)
Pois (Entends comme brame)
Pommes sûres  (le bateau ivre)
Praline (Sonnet du trou du cul)
Religieuse (Michel et Christine)
Salade (le loup criait)
Soupe aux chou (Un Cœur sous une soutane)
Tartes, flans, gélines dorées ( Charles d’Orléans à Louis XI)
Tartines, beurre, jambon (Au cabaret vert)
Terrines ( Mes petites amoureuses)
Thym (Après le déluge)
Viande saignante (Barbare)
Volailles (le loup criait)




Accompagnés de :


Bitter sauvage (Vagabond)
Café (Vagabond)
Champagne (Roman)
Cidre (Vagabond)
Eau des bois, eau d’Europe (Le bateau ivre)
Lait (Vagabond)
Limonade (Roman)
Liqueurs fortes (Mauvais sang)
Quelque liqueur d’or, fade et qui fait suer (Larme)
Thé (Vagabond)
Vin (Ma bohème) (l’Orgie parisienne)
Vin de Baigneux ( Charles d’Orléans à Louis XI)
Vin de Beaulne  ( Charles d’Orléans à Louis XI)
Vin de la Paresse [voici que monte en lui le] (Les chercheuses de poux)
Vin vieux (Tête de Faune)
Vins bleus (Le Bateau ivre)
Vins des Cavernes  (Vagabond)

Hirson

 
Hirson a longtemps été un important noeud ferroviaire où se croisaient l’Orient Express et le Paris-Varsovie. Il ne reste de cette glorieuse époque que deux monuments à l’abandon : la rotonde à locomotives et la « Tour Florentine », un somptueux poste d’aiguillage de 50 mètres de haut qui fait un peu penser à un Géant  de l’Ile de Pâques revisité par le Bauhaus. Ils ont été construits par un architecte alsacien, Gustave Umdenstock, spécialiste des ouvrages ferroviaires entre les deux guerres. Hirson est un peu sa Chapelle Sixtine. La rotonde qui a abrité un temps des concerts de Heavy Metal est aujourd’hui interdite au public. Mais nous avons eu la chance de pouvoir y entrer grâce au Cirque de Paris, de passage à Hirson, qui y faisait paître son dromadaire.

lundi 11 mars 2013

Maubeuge

 
Maubeuge et son fameux clair de Lune. L’un des tout premiers tubes de l’histoire et un joli conte très « trente glorieuses ». Francis Perrin, un chauffeur de taxi parisien avait composé la chanson et l’avait enregistrée pour son plaisir. Il l’avait fait écouter à une amie programmatrice dans une radio qui l’avait diffusée en douce. Succès immédiat. Les paroles disent à peu près la même chose que le  poème de Joachim Du Bellay qui commence par « Heureux qui comme Ulysse a fait un fait un beau voyage ». Mais en nettement plus rigolo et sur un air de tango. L’histoire d’un voyageur qui a couru le monde et qui se rend compte en rentrant chez lui que c’est définitivement son endroit préféré.

En relisant les paroles calligraphiées sur un mur de l’avenue de France on s’est rendu compte que cette chanson, avec tous ces noms d’ailleurs, proches ou lointains, était un véritable programme de voyage expérimental : Pontoise, Tourcoing, la Meuse, le Kremlin-Bicêtre, Cambrai, La mer Rouge, la Mer Noire, La Mer-diterranée et Roubaix.
La chanson, traduite en allemand et transposée à Wanne-Eickel, une petite ville de la Ruhr, est aussi devenue un fameux « Schlager »

Nous avons dérivé dans Maubeuge, détruite à 90 % pendant la guerre et joliment reconstruite en brique rouge d’après les plans d’André Lurçat, frère de Jean  Lurçat (peintre, céramiste et créateur de tapisseries) et pote de Le Corbusier. Communiste convaincu, il a profité du chantier pour abaisser un peu la résidentielle ville haute et rehausser la ville basse plus populaire. 
Et nous avons dîné au « Soleil d’Agadir ».

Je suis allé aux fraises
Je suis rev'nu d'Pontoise
J'ai filé à l'anglaise
Avec une Tonkinoise
Si j'ai roulé ma bosse
Je connais l'univers
J'ai même roulé carrosse
Et j'ai roulé les R
Et je dis non, non, non, non, non
Oui je dis non, non, non, non, non, non, non, non, non

(Refrain)
Tout ça n'vaut pas
Un clair de lune à Maubeuge
Tout ça n'vaut pas
Le doux soleil de Tourcoing (Coin-coin ! - Oh je vous en prie, hein !)
Tout ça n'vaut pas
Une croisière sur la Meuse
Tout ça n'vaut pas
Des vacances au Kremlin-Bicêtre
J'ai fait toutes les bêtises
Qu'on peut imaginer
J'en ai fait à ma guise
Et aussi à Cambrai
Je connais toutes les mers
La Mer Rouge, la Mer Noire
La Mer-diterranée
La mer de Charles Trenet
Et je dis non, non, non, non, non
Oui je dis non, non, non, non, non, non, non, non, non

(Refrain)
Tout ça n'vaut pas
Un clair de lune à Maubeuge
Tout ça n'vaut pas
Le doux soleil de Roubaix (coin-coing ! - Vous êtes ridicule !)
Tout ça n'vaut pas
Une croisière sur la Meuse
Tout ça n'vaut pas
Faire du sport au Kremlin biceps

Aulnoye-Aymeries



Alphapromenade à Aulnoye-Aymeries : de la rue des Acacias à la rue Youri Gagarine.

Valenciennes



Au milieu du 19 e siècle il y avait à Valenciennes, un petit groupe de révolutionnaires excentriques et bons vivants qui s’étaient constitué en Société des Incas. Leur devise : « Union, plaisir, humanité » Ils idéalisaient les Incas auxquels ils prêtaient une organisation sociale utopique, communautaire où la propriété n’existait pas. Leur principale activité consistait à organiser chaque année la Fête des Incas, « en hommage à la famille humaine » et pour laquelle chacun devait adopter un pays du monde et son costume. Un grand défilé d’Ecossais en kilt, maharadja, sorcier zoulou, vahiné … Mais avant ça on s’était fait immortaliser par la toute nouvelle invention qui permettait de transcrire directement la réalité sur la plaque : la photographie. C’est dire si l’événement était considérable. Il paraît qu’il rassemblait chaque fois dans les cent mille spectateurs venus de toute l’Europe. Un ancêtre de la Love Parade en quelque sorte. D’ailleurs tout ça, dit-on, finissait en orgies. Loin du regard des daguerréotypistes.

Orchies

 
Orchies, siège de la fameuse société Leroux, est dotée d’une  Maison de la chicorée qui explique par une exposition-parcours « L’aventure de la chicorée de l’Antiquité à nos jours ». La chicorée (Cichorium intybus) est devenue un substitut du café pendant le blocus continental (1806 - 1814) qui interdisait aux bateaux d’accoster dans les ports de l’empire, privant les consommateurs français de produits exotiques comme le sucre et le café. Ça a tout de même eu un mérite, celui de doper les esprits inventifs pour pallier le manque. Par exemple faire du sucre à partir de la betterave et remplacer le café par des racines de chicorée torréfiées. La chicorée fut aussi l’ersatz du café pour tout le pays de 1939 à 1945. Un produit de guerre comme les rutabagas, topinambours, crosnes, salsifis, scorsonères… La paix revenue et avec elle l’arabica, on a un peu négligé ce succédané. Mais aujourd’hui, la nouvelle cuisine hype le redécouvre et l’impose comme un aliment merveilleux en l’associant au foie gras ou à la selle d’agneau de lait.

Villeneuve-d'Ascq


De Lille, nous sommes allés en VAL au LaM.
Le VAL, premier métro automatique sans chauffeur du monde, a été expérimenté sur cette ligne et signifiait à l’origine Villeneuve - d’Ascq – Lille. Depuis l’acronyme s’est transformé en « Véhicule Automatique Léger » plus performant à l’export.
Quand à LaM on ne sait pas très bien à quoi ça correspond puisque l’appellation officielle du lieu est « Lille métropole, musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut ». En tout cas c’est un chouette musée avec une fabuleuse collection d’oeuvres d’artistes singuliers.

samedi 9 mars 2013

Lylle




A Lille nous avons tenté une expérience de tourisme upsilonien qui consiste à explorer son « grand boulevard » , « Les Champs Elysées du Nord », une vaste artère centenaire  en forme de « Y ». Elle relie le centre de la ville aux deux grandes communes limitrophes ,  Roubaix et Tourcoing. C’est une des premières avenues multimodales de France conçue dès l’origine avec route pour voitures, voie ferrée de tram et allée cavalière remplacée aujourd’hui par une piste cyclable. Il n’y a pas grand-chose à y faire sinon jouir du passage hâtif à travers des ambiances variées : ZA, quartiers résidentiels ultrachics, cités, ponts autoroutiers couverts de tags. Il paraît qu’à Lille chaque année, la mairie assistée par plusieurs sociétés de nettoyage spécialisées en efface environs trente mille. L’équivalent de vingt terrains de foot. Il a même été créé un nouveau métier : releveur de tags. Une escouade de jeunes gens en rollers dont le boulot consiste à arpenter la ville pour recenser les nouvelles œuvres spontanées. Ce n’est pas super bien payé mais pour qui aime se balader en patins à roulettes…

Hazebrouck

 

A Hazebrouck on pratique le tir à l’arc vertical ou « tir à la perche ». Un très vieux jeu flamand qui consiste à abattre des cibles en plumes en forme d’oiseaux accrochées au bout d’un mât d’une trentaine de mètres de haut. Le problème évidemment c’est que la flèche, en vertu des lois de la pesanteur, finit par retomber et il vaut mieux ne pas être sur sa trajectoire . Une archère hazebrouckoise nous a d’ailleurs confié que la plupart des pratiquants du club, pardon de la « ghilde », ont été « baptisés », c’est-à-dire victimes au moins une fois d’un de ces retours de flèche.
- Et quand on la prend sur la tête ?
- Alors là forcément ça saigne ! concède t-elle, le port du casque est conseillé.

vendredi 8 mars 2013

Dunkerque

 
Un des derniers sports aquatiques à la mode est le « longe-côte » inventé à Dunkerque en 2007. Ça consiste à marcher dans l’eau , immergé jusqu’à mi-poitrine, en s’aidant d’une pagaie de kayak pour avancer. Cette activité qui fait un tabac dans tout le nord de la France commence même à gagner les rivages océaniques et méditerranéens.
Bon, sans nous vanter, le Latourex avait déjà proposé dans les années 90 (mais il est vrai sans l’avoir jamais le testé) dans sa série des mots-valises de voyage,  le «circuissarde» : un tour de la Sardaigne les pieds dans l’eau, équipé de bottes montantes.

Calais

 
Il reste six manufactures de la fameuse dentelle de Calais. Une industrie peu menacée de délocalisation grâce aux machines centenaires qui servent à la produire et qui sont toutes inscrites au Patrimoine. Pourtant tout n’est pas toujours rose pour les 1500 wheeleurs, passeurs de chaîne, effileuses, écailleuses ou tullistes calaisiens. La lingerie, principale consommatrice de dentelle, fait la pluie et le beau temps dans le secteur en fonction de ses modes et tendances. Les années string sont un cauchemar. En revanche que revienne le shorty, la culotte haute voire le panty et toute la ville reprend des couleurs.

jeudi 7 mars 2013

Boulogne-sur-Mer


 C'est la ville du film « Muriel ou le Temps d’un retour » d’Alain Resnais, hommage aux quatre Buildings de la Reconstruction et à un immeuble bâti à flanc de colline qui menaçait à l’époque de s’effondrer vers la mer. Un demi-siècle plus tard il est toujours debout mais a été évacué définitivement l’an dernier à la suite d’un glissement de terrain. Il doit être rasé. En attendant, la terrasse du dernier étage, d’où l’on a une vue sublime sur le port, est le repaire des amoureux et des promeneurs de chiens.
Boulogne est très connue et même vénérée en Argentine. C’est là que le général  José de San Martin (1778-1850), héros national, a fini sa vie. Comment cet artisan de l’indépendance de plusieurs pays d’Amérique Latine s’est-il échoué sur les rivages picards de la Manche ? Mystère et bolas de gaucho.
Petit conseil aux voyageurs catholiques  :  brûler un cierge à Notre Dame de Boulogne, la vierge à roulettes qui a réintégré la basilique après une escapade de 100 000 kilomètres à travers la France entre 1943 et 1948 : « Le char du grand retour ».