mercredi 31 août 2011

Nantes


A Nantes, célèbre pour sa prison et la fille du geôlier, le monopolytourisme s’impose. C’est une méthode d’exploration urbaine qui consiste à découvrir une ville selon la cartographie particulière de son plateau de Monopoly. En visiter les rues, gares, prison, parking, compagnie des eaux et d’électricité… en réglant ses déplacements à coups de dés conformément aux règles du jeu officielles.
Nous avons fait deux fois le tour du plateau, sans aller en prison.

notre case Départ : le Café Select (14 rue du Château)

mardi 30 août 2011

La Roche-sur-Yon



Comme tous les grands tyrans, Napoléon a cédé au désir de créer  une ville à son image et ça a donné La Roche-sur-Yon. Le V Prairial de l’an XII, il ordonne de faire construire à l’emplacement d’un petit bourg de Vendée à moitié détruit, une ville moderne organisée en damier autour d’une place centrale. Et au centre de cette place, une statue équestre de l’empereur. Cette ville nouvelle fut bien évidemment baptisée : Napoléon.
Elle a depuis changé sept fois de nom et s’est appelée alternativement  La Roche-sur-Yon, Napoléon et Bourbon-Vendée. En ce moment c’est La Roche-sur-Yon. Son côté impérial s’est un peu atténué avec les lotissements, les cités HLM, les ZAC et les ZI. Mais la place centrale est restée la place centrale même si aucun bistrot, pas même un resto corse, ne s’y est installé.

lundi 29 août 2011

La Rochelle



Nous sommes arrivés à La Rochelle en pleine université d’été du Parti Socialiste. Plus de 4000 élus et militants. Il y avait aussi beaucoup de touristes et il était un peu difficile de distinguer les uns des autres. Sauf quand ils circulaient au milieu d’une mêlée de journalistes. Nous avons ainsi croisé quelques visages connus. Dans l’ordre :  Bertrand, Jean, Roland, Catherine, François, Ségolène et Martine.

Nous avons de la tendresse pour cette jolie petite ville portuaire pionnière du vélo en libre-service dès 1974. Les fameux vélos jaunes.  Vingt-sept ans avant le Vélib’ ! Le maire de l’époque, Michel Crépeau, s’était inspiré des Bicyclette Blanches d’Amsterdam. Une action des Provos hollandais pour lutter contre l’envahissement de la ville par les voitures. C’était en 1966. Ils avaient mis gracieusement à disposition des Amstellodamois une centaine des vélos peints en blanc. La police les avait confisqués aussi sec en s’appuyant sur une vieille loi, pourtant rarement appliquée, qui stipulait que les vélos stationnés sur la voie publique devaient être cadenassés. Qu’à cela ne tienne les Provos remirent en service une centaine de nouveaux vélos blancs munis cette fois d’un cadenas à combinaison dont le numéro était inscrit en gros sur le cadre.


Rochefort



A Rochefort on a eu envie de visiter un hot spot touristique. On avait le choix entre le musée du commerce d’autrefois et la maison de Pierre Loti. D’humeur frivole on a préféré le shopping à la littérature. Mauvaise pioche. On avait rêvé d’un lieu qui nous raconterait l’histoire du magasin depuis la plus haute antiquité  jusqu’à l’invention du caddie et du supermarché. On est tombés sur une expo de brocante.

dimanche 28 août 2011

Saintes


 
Bernard Palissy, le célèbre céramiste de la Renaissance, a vécu une vingtaine d’années à Saintes. D’après l’homme de l’Office de Tourisme c’est ici qu’il a brûlé son mobilier pour pouvoir réaliser les fantastiques émaux polychromes à décor d’écrevisses et serpents qui ont fait sa réputation. On s’est alors souvenus du panneau d’histoire à l’école primaire où on voyait l’artiste barbu, exalté, jetant fébrilement des chaises dans un four rougeoyant sous le regard terrorisé de sa femme portant un bébé dans ses bras et de ses enfants en pleurs. On ne pourrait plus vraiment réciter le résumé appris par cœur pour lundi. Mais il faisait l’apologie du véritable artiste, créateur absolu, prêt à tout, y compris sacrifier le bien être des siens, pour servir son art. Quand on y pense c’était un drôle de message adressé aux élèves. Du coup on est allés déguster un pineau des Charentes, un rosé, le seul vrai, d’après le patron du bar de l’Arc de Triomphe.

Royan



Royan est une ville de sable. Tout le centre, détruit par erreur par les Alliés en 1945,  a été reconstruit dans les années 50 dans l’idée d’en faire un laboratoire d’urbanisme expérimental. Les architectes s’en sont donné à cœur joie repoussant les limites du modernisme et offrant à la prestigieuse station de bains de mer des villas, immeubles et monuments dignes de Brasilia. Mais tout a été construit trop vite avec un ciment armé de mauvaise qualité dissimulé sous des couches de peinture blanche. Et aujourd’hui l’ensemble est un peu décati, s’effrite, se fissure, les fers à béton saillent. 

Royan est aussi à l’origine d’une autre architecture éphémère : celle du circuit géant du Mondial de Billes. Cette compétition itinérante rassemble chaque année des milliers d’adultes qui, sérieux comme des papes, tentent de propulser le plus efficacement possible, par  une série de chiquenaudes, une bille en terre cuite sur une piste en sable élaborée par une dizaine de designers. 

samedi 27 août 2011

Bordeaux


Bordeaux est le seul endroit en France avec Brest où l’on peut pratiquer le tourisme cubiste qui consiste à visiter les CUB. Les Communautés Urbaines de B… Par chance le site officiel de celle de Bordeaux fournit lui-même quelques pistes pour découvrir les 27 communes de l’agglomération. Et notamment sept itinéraires à vélo. Ils ne sont pas balisés, c’est dommage,  mais on peut télécharger les plans de route détaillés sur http://www.lacub.fr/balades-nature/itineraires-a-velo
On en a essayé deux et on s’est régalés.

 Entre grands crus et archi visionnaire à Pessac. De la cité-jardin Fruges, l’une des plus importantes réalisations de Le Corbusier splendidement restaurée, aux prestigieuses vignes urbaines des châteaux Pape Clément, Haut-Brion, Luchey-Halde, Pique-Caillou…avec pauses dégustation.

Rive droite, rive gauche, des quais à partager, une chouette balade urbaine à travers des ambiances portuaires variées le long des berges de la Garonne, entre le Pont de Pierre et le Pont d’Aquitaine dont la traversée à vélo est un peu vertigineuse. La piste cyclable complètement à l’extérieur contourne les piliers de ce grand pont suspendu. De l’autre côté du parapet, cinquante mètres plus bas, le fleuve café au lait.

jeudi 25 août 2011

Dax



La petite station thermale landaise de Dax porte le même nom que l’indice boursier allemand (acronyme de « Deutscher AktionindeX »). Une homonymie fâcheuse en ces temps de débâcle financière. 
La ville doit sa bonne fortune à ses sources d’eau chaude, «radioactive » selon un guide des années 60 trouvé à Emmaüs. Un adjectif qui n’est plus très utilisé dans la propagande touristique actuelle. Mais de l’eau à 64 ° continue bel et bien  à couler en plein centre ville crachée par la gueule de têtes de lions en bronze aux babines vérolées par les ions. Comme c’était l’heure du pique-nique on a essayé d’y faire cuire des œufs durs. Echec. Après 35 minutes sous le jet et nonobstant la radioactivité ils étaient encore loin d’être ne serait-ce qu’à la coque.
En revanche on doit pouvoir préparer sans problème de la purée Mousseline, des Bolino voire une infusion Saveur du Soir.

Bayonne



Comme il faisait très chaud, arrivés à Bayonne on a foncé à la plage d'Anglet pour nous faire valdinguer par un Océan parfait. Drapeau jaune. Violent sans être effrayant. Une baignade mémorable.

Dans le nouveau bâtiment des archives municipales une passionnante exposition retrace une siècle d’émigration basque en Argentine entre 1830 et 1930. Un mouvement largement provoqué par le démarchage agressif d’agents d’immigration , les « marchands de palombes », qui firent miroiter l’Eldorado à des générations entières de jeunes gens sans emploi ni perspectives. En échange d’énormes frais de passage à crédit qu’ils devront ensuite rembourser petit à petit sur leurs revenus en Amérique. Rien de neuf sous le soleil.
Très peu revinrent fortune faite. La plupart sont restés là-bas entretenant leur culture dans des centres basques. Un concentré de pays en quatre lieux :  le trinquet : la salle où l’on joue à la pelote, le bistrot-salle-des-fêtes, l’épicerie et la salle de cours de langue basque . Il existe  encore aujourd’hui 70 de ces centres en Argentine, une trentaine en Uruguay et aux Etats-Unis contre quatre seulement en France.

Bayonne se vante, sur le site officiel de la ville comme à l’office de tourisme, d’être la première ville française où l’on produisit et consomma du chocolat. Il y aurait  été introduits par des Juifs chassés du Portugal en 1496. Or il semblerait que le cacao n’ait  été découvert qu’en 1502 en Amérique par Christophe Colomb et il aurait mis un bon siècle avant de séduire les palais européens.

Le poète Du Bellay, précurseur du tourisme avec son Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, est aussi né à Bayonne. En 1492. Quatre ans avant le chocolat.

Peyrehorade


Tous les mercredis, depuis 1358 paraît-il, le marché traditionnel de Peyrehorade propose en abondance de magnifiques fruits, légumes, fromages, œufs, confits, foies gras et volailles vivantes nourries au grain. Le nec plus ultra du terroir landais. 
Et à la sortie de la ville, dans le quartier Croix de Pardies, Monsanto met au point et expérimente de nouveaux OGM.

Orthez



Si vous ne le saviez pas, Orthez est la patrie  de Jeanne D’Albret, reine de France protestante et mère d’Henri IV. Elle y est omniprésente avec une rue Jeanne d’Albret, un restaurant de la Reine Jeanne, une mercerie Jeanne d’Albret, une maison de retraite Jeanne d’Albret, une agence immobilière, une pharmacie, un salon de coiffure… et bien sûr un  musée Jeanne d’Albret.
Un charmant petit musée dont le responsable parle aussi très volontiers et avec passion d’une autre gloire locale : Elisée Reclus, figure intellectuelle majeure du XIX ème siècle, penseur de l’anarchie et auteur d’une Géographie Universelle progressiste qui a marqué durablement la discipline. C’était aussi un grand voyageur. Au milieu du XIXème siècle, il a effectué avec son jeune frère Elie (qui deviendra lui aussi anarchiste)  une traversée de la France à pied, de Strasbourg à Orthez. 

Nay



On se serait bien arrêtés à Nay pour visiter le Musée du Béret mais on était lundi et il était fermé. Dommage on n’élucidera pas le mystère de la pointe. Est-ce une petite fantaisie décorative ajoutée à la fin ou au contraire le point de départ du tricotage de ce fabuleux couvre-chef ?
En tout cas au Béarn et au Pays basque il n’est plus très porté dans le civil. Les jeunes gens le boudent carrément.  Malgré  Brad Pitt, Kate Middleton et Che Guevara.

mercredi 24 août 2011

Pau



Depuis la gare de Pau, un funiculaire mène directement, en deux minutes à peine, boulevard des Pyrénées, l’une des plus belles rues de la ville. Elle a un petit côté Croisette ou Promenade des Anglais avec ses splendides  cafés tournés vers l’horizon. Mais au lieu de la mer il y a la montagne. Le fabuleux panorama des Pyrénées. Siroter un verre de Jurançon à la terrasse du café Russe par un beau soir d’été est un grand moment.
Pour connaître le nom des nombreux sommets qui font face on peut se rapprocher de la table d’orientation offerte par le Touring Club et installée de l’autre côté de la rue. Mais il faut faire gaffe en traversant. L’humoriste Cami, né d’ailleurs à Pau, avait constaté que la plupart des piétons accidentés sur la chaussée l’étaient alors qu’ils essayaient de gagner le trottoir d’en face.  Et pour améliorer leur sécurité il proposait tout simplement de supprimer tous les trottoirs d’en face.

Question gastronomie Pau est une ville très intéressante même si la fameuse sauce béarnaise n’est pas plus béarnaise que la pizza Hawaï n’est hawaïenne. En revanche le pittoresque roi Henri IV, promoteur de la poule au pot était un Palois pur sucre. Cette poule au pot qui devait être au menu des Français chaque dimanche est une recette aujourd’hui tombée en désuétude. C’est dommage, c’est un plat très goûteux, léger, facile à préparer et plutôt bon marché. (Ecolo aussi surtout si on prend des ingrédients bio !)

Ingrédients (pour 6 personnes) :

- 1 poule d’environ 2 kilos et demi.
- 600 g de carottes
- 600 g de navets
- 4 poireaux
- 1 oignon piqué de 2 clous de girofle
- sel, poivre

préparation :

- Mettre la poule dans une grande marmite et la recouvrir d'eau.
- Porter à ébullition.
- Ajouter les légumes épluchés mais gardés entiers
- Saler
- Couvrir et laisser mijoter au minimum deux heures. La chair de la poule doit se détacher.
- Servir d'abord le bouillon dégraissé avec des tranches de pain grillé frottées à l’ail puis la viande entourée des légumes.

Lourdes



Lourdes est la capitale du corned-beef.  Grâce aux Etablissements  Toupnot S.A., leader européen du marché. 15 000 tonnes par an. Principalement pour l’export car on en consomme très peu en France métropolitaine. Ces boites de bœuf en saumure, surnommé « singe »,  constituaient l’essentiel des rations de soldat et des prisonniers pendant la  deuxième guerre mondiale et ont laissé un mauvais souvenir .
En revanche le corned-beef est très prisé à Tahiti sous le nom de Punu Pua Toro.  Le plus souvent préparé en ragoût avec du chou râpé, de l’ail, de l’oignon, des tomates, de la sauce soja et servi avec du riz.

Le corned-beef a inspiré une fable à Alfred Jarry  : Le Homard et la boîte de corned-beef

Une boîte de corned-beef, enchaînée comme une lorgnette,
Vit passer un homard qui lui ressemblait fraternellement.
Il se cuirassait d’une carapace dure
Sur laquelle était écrit à l’intérieur, comme elle, il était sans arêtes,
(Boneless and economical) ;
Et sous sa queue repliée
Il cachait vraisemblablement une clé destinée à l’ouvrir.
Frappé d’amour, le corned-beef sédentaire
Déclara à la petite boîte automobile de conserves vivante
Que si elle consentait à s’acclimater,
Près de lui, aux devantures terrestres,
Elle serait décorée de plusieurs médailles d’or.

mardi 23 août 2011

Tarbes

 
Nous sommes arrivés à Tarbes en plein  concours international de tango argentin. Dans le Jardin Massey où était installée une salle de bal en plein air, une centaine de couples dansaient avec application sur des airs de milongas. Les hommes parfois en pantacourts et sandales à scratches, les dames toutes juchées sur des talons aiguilles. Le tango a l’air d’être une affaire très sérieuse. On ne rit pas beaucoup sur la piste de danse. Ce festival est l’une des nombreuses manifestations organisées par cette ville de garnison pour distraire ses soldats. Plus d’une par semaine en moyenne et il y en a pour tous les goûts :

salon du chiot, salon des peintres cheminots, tournoi féminin de pelote basque, fête du timbre, journée de la courtoisie sur la route, gala des arts martiaux, corrida, semaine du développement durable, journées européennes du solaire, festival de culture urbaine, baptême et rencontres de Capoeira, fête du sport en famille, tournoi des Chiffres et des Lettres, journées pyrénéennes de gynécologie, convention de jeux de rôle, foire des hobbies, semaine de la mandoline…

Lannemezan



Lannemezan est une ville branchée. La première à s’être inscrite sur Second Life. Dans la vraie vie elle est habitée depuis l’âge du bronze, comme en témoignent, près de la ZAC, deux tumuli classés qui portent les doux noms de  « T1 » et « T2 ». Mais même à l’Office de Tourisme on en déconseille la visite. « C’est pas facile à trouver et on ne voit pratiquement plus rien ».
En revanche il y a une belle librairie, Le Vent des Mots, où nous sommes tombés  sur une réédition d’un livre délicieux écrit en  1896 par Alcide Bouzigues, pharmacien et pionnier du cyclotourisme :  Le Voyage Fantastique de Paris à Lannemezan à bicyclette .
Le récit d’une odyssée de mille kilomètres en huit jours avec un engin rudimentaire équipé de pneus en caoutchouc pleins et dépourvu de changement de vitesse et de système d’éclairage. Une aventure pleine de dangers. Il fut coursé par des chiens, des enfants, des marchands ambulants… Escroqué par divers aubergistes et gargotiers. Mais fort heureusement, souvent requinqué par un verre de chartreuse ou la vision en chemin d’une belle jeune femme.




Montréjeau


Muret



Si le Président Vincent Auriol en a été le maire pendant plus de vingt ans, le véritable héros de Muret est Clément Ader, le pionnier de l’aviation . C’est même lui qui aurait inventé le mot « avion »  pour ses premiers engins volants en forme de chauve-souris immortalisés en daguerréotypes par Nadar.  Mais ont-ils réellement volé ? Il semblerait bien que non. Qu’importe, Clément Ader a quand même eu droit dans sa ville natale à une rue, un joli petit parc Art Déco agrémenté de sculptures qui retracent les grands moments de l’aventure aéronautique. Et surtout un immense monument à sa gloire érigé devant la Caisse Primaire d’Assurances Maladie. Une œuvre de Paul Landowski, le sculpteur à qui l’on doit aussi le Christ du Corcovado à Rio de Janeiro. Et comment s’appelle le cinéma de Muret ? On vous le donne en mille : le Jean Mermoz. Ah les traîtres !

Nous avons aussi parcouru la zone industrielle de Muret dans l’espoir de visiter l’usine de feux d’artifices Lacroix-Ruggieri. Mais nous avons trouvé porte close. Vu de l’extérieur, le site des «Enchanteurs du ciel » avec ses portails électroniques, ses caméras de surveillance et ses bâtiments  bas disséminés dans un immense parc ressemble un peu à une base militaire américaine dans les films d’espionnage au temps de la guerre froide.

vendredi 19 août 2011

Toulouse


Ville Rose et capitale de la violette d’où provient la célèbre petite boîte jaune remplie de minuscules bonbons noirs, les  cachous Lajaunie,  Toulouse nous semblait toute indiquée pour une expérience de chromotourisme. Visiter toutes ses rues associées à une couleur. Impasse de l’Azur, rue Blanche, rue du Chapeau-Rouge, rue Nestor Brun…  Mais tandis que nous nous approchions, peut-être à cause du tacatac rock du train, nous revenait en tête le refrain obsédant d’un vieux tube des Heartbreakers, Born to lose. Et sur la base de cette misérable homophonie approximative nous avons finalement décidé de nous perdre à Toulouse. Nous y perdre dans l’idée de nous y retrouver mais sans nous fixer de rendez-vous et sans moyen de communiquer entre nous. La découverte de la ville se faisant sous le signe de la recherche de l’autre. Ce que nous appelons au Latourex « l’érotourisme ».

L’un est descendu à Toulouse Saint-Agne tandis que l’autre continuait   jusqu’à la gare de Matabiau, le terminus du train. Et advienne que pourra…

Nous nous sommes retrouvés après trois heures et demie de dérives solitaires à vélo qui nous ont conduits à plusieurs reprises dans les mêmes endroits, frais de préférence à cause de la canicule, mais à des moments différents. On aurait pu se croiser bien plus tôt près du petit étang du  Jardin japonais, dans les allées ombragées du Jardin des plantes, sur les quais de la Garonne où étaient installés des brumisateurs ou encore aux Abattoirs, le musée d’art contemporain, très bien climatisé. Mais nos retrouvailles ont eu lieu dans la vieille ville à deux pas de la place du Capitole où un jeune couple écolo avait installé un four solaire sur lequel doraient des saucisses de Toulouse.

Pamiers



A Pamiers notre mission était de goûter aux cocos de Pamiers,  sans lesquels, affirment  les puristes, on ne peut pas faire de véritable cassoulet. Il s’agit de petits haricots blancs à la peau très fine qui peuvent cuire plusieurs heures sans se casser. Cette variété ancienne remise au goût du jour par des adeptes du « slow food » est désormais sous la haute surveillance de la très honorable « confrérie du Coco de Pamiers ».

Foix


jeudi 18 août 2011

Le Train Jaune



Cette petite merveille centenaire, rêve des ferrovipathes du monde entier, part à quelques kilomètres de Perpignan de la gare de Villefranche-de-Conflent - Vernet les Bains. Vernet les Bains que Rudyard Kipling a rendu célèbre par un conte, Pourquoi la neige tombe à Vernet.  De l’importance de la météo dans la conversation anglaise.

Embarquer dans le Train Jaune (qu’on appelle aussi affectueusement « le Canari ») en compagnie de centaines d’autres voyageurs est une expérience jubilatoire qui tient du manège de foire. Ça commence par de longues queues sur le quai. Puis une sorte de Tetris grandeur nature pour caser tout le monde sur les banquettes en bois des wagons à ciel ouvert. Enfin le convoi s’ébranle pour quatre heures de voyage lent et bringueballant  à travers les Pyrénées vers les gares les plus élevées du pays à plus 1500 mètres d’altitude. Sensations fortes garanties. Franchissements de précipices par d’étroits viaducs et un inquiétant  pont suspendu. L’affaire tourne même au « train fantôme » dans les tunnels à cause des effroyables cris des chauves-souris. Il ne manque que les irruptions de squelettes tripoteurs.

Entre autres attractions offertes sur le parcours, on  peut s’arrêter à Font Romeu pour visiter le four solaire d’Odeillo, un bâtiment concave de 60 mètres de haut tapissé de miroirs face à la montagne. Grandiose ! D’une puissance nominale d’1 mégawatt, cette centrale expérimentale permet d’obtenir en quelques secondes des températures de plusieurs milliers de degrés juste avec les rayons du soleil. C’est autrement plus sympa qu’un réacteur nucléaire.

La Ligne de Cerdagne, c’est le nom officiel du trajet du Train Jaune, décrit une grande boucle autour de Llivia, une enclave espagnole de 13 kilomètres carrés en territoire français. Une bizarrerie géopolitique datant du XVII ème siècle et qui a résisté aux guerres mondiales et aux traités européens. C’est décidé, on va collectionner ce genre d’endroits pour le Latourex.

L’aventure s’achève à Latour-de-Carol dont le chef de gare est le plus célèbre de France grâce à la chanson d’Areski et Fontaine.