mardi 28 juin 2011

Perpignan



Nous avons bien sûr visité la gare de Perpignan,  le Centre de Monde selon Salvador Dali qui y eut, dit-il, ses idées les plus géniales. Pendant que sa femme Gala s’occupait des formalités douanières. Du coup on s’y est un peu attardés. Surtout au buffet. Mais rien n’est venu. Pas la moindre petite idée.
Alors on est allés directos à notre hôtel dans le nouveau quartier Méditerranée. Une chambre avec vue sur le chantier du Théâtre de l’Archipel construit par Métra + associés et Jean Nouvel. Un jeté de six bâtiments extraordinaires, tous de formes, couleurs et matériaux différents : béton, bois, acier rouillé, tôle ondulée.


Mais il y aussi le vieux Perpignan, l’ancienne cité médiévale, tout un dédale de ruelles étroites un peu comme le Barrio Chino de Barcelone.


L’endroit idéal pour une promenade alternative. A partir d’un point de départ choisi, prendre la première rue à gauche, puis la première à droite, puis la première à gauche et ainsi de suite jusqu’à ce qu’une  impasse mette un terme à la balade. 

On est partis du bar de la marée, dans la « rue des Odeurs ». Il nous a été conseillé par Hacène, un Perpignanais fou de vélo qui organise toutes sortes d’événements cyclistes, des ballades nocturnes à la lueur des dynamos et  des raves itinérantes écolos avec du courant fourni à la force des mollets par des générateurs à pédales.


Cette dérive aléatoire dans Perpignan nous a réservé de belles surprises : entre autres, une exposition de gaines Chiquita, une ancienne  production locale (comme les poupées Bella qui ont aussi un musée à Perpignan mais qui se visite uniquement sur rendez-vous), 


un pot organisé dans la rue par les commerçants de la place Gambetta,


et quelques magnifiques graffitis…

Narbonne



Charles Trenet a fait de Narbonne sa ville-souvenir en lui léguant sa maison à condition qu’on n’en fasse pas un musée. C’est juste la maison natale du Fou Chantant, avec ses meubles, ses objets, ses disques et les souvenirs de sa carrière. On peut la visiter mais ce n’est pas un musée. Du coup on est partis pour un Trénetour : expérimenter les formules de voyage ou les destinations suggérées par les titres de ses chansons. On en a trouvé pas mal.

Et justement comme on n’avait pas beaucoup de temps avant le train on a testé la formule la plus simple : trouver un Jardin extraordinaire pour pique-niquer. Le parc de la Révolution.
Ah, on allait oublier, à Narbonne il y a aussi un chouette Musée du Téléphone.

Béziers


 
A Béziers l’opéra est un sport de combat qui se pratique dans les arènes. Elles ont été construites uniquement  pour ça en 1905.  Une idée parait-il de Camille Saint-Saens. Il a fallu attendre les années 70 et le phénomène El Cordobes pour que quelqu’un ait l’idée d’y faire aussi venir des taureaux.
On a eu la chance de pouvoir infiltrer un pince-fesses biterrois: l’inauguration de la Feria de l’Artisanat sur les allée Paul Riquet, le  créateur du Canal du Midi (un bel itinéraire de voyage à vélo !) Une trentaine de stands pour témoigner du dynamisme du «premier employeur de France» en Languedoc-Roussillon. Travail du cuir, céramique, sablage du verre, matelas en pur laine vierge, canifs faits main et spécialités gastronomiques locales : le délicieux  pavé aux figues et les délicates « oreillettes »,  grands beignets plats très légers parfumés à la fleur d’oranger.
Comme on est arrivés à la fin des discours, on a eu droit à un verre de rosé en compagnie du sénateur maire, du sous-préfet et de la présidente de la Chambre de Commerce et d’Artisanat. A 10 h 30 du matin. Mais quand il s’agit de servir la science…

samedi 25 juin 2011

Agde

PQ Ville de Sylvain Arnoux pour La Science des rêves de Michel Gondry


Une ville étonnante. 20 000 habitants en hiver, 280 000 en été. Une destination touristique très populaire. Une vielle ville médiévale. Et gagné sur les marécages du Cap d'Agde, un village entièrement naturiste avec magasins, cinéma et boîtes de nuit. Tout autour, sur des centaines d’hectares, des campings, des mobile-homes et des cabanons. Un urbanisme spontané, anarchique. Une petite Floride assez marrante à visiter.

Sète



Le MIAM (Musée International des Arts Modestes) fête cette année ses dix ans. Un endroit réjouissant et  des œuvres effectivement qui ne se prennent pas trop au sérieux. Art quasi brut , Tramp art, art Tiki, art de détenu… Et même de l’art touristique : une collection de cartes postales monochromes noires représentant des  lieux « la nuit », « by night » , « de noche », « bei nacht »…
Sète est aussi une ville qui s'impose pour la pratique du nécrotourisme. Se rendre d’abord sur la tombe de Paul Valéry au Cimetière marin auquel il avait consacré un célèbre poème en 1920. Puis sur celle d’un autre illustre sétois : Georges Brassens qui s’était, lui, fendu d’une Supplique pour être enterré à la plage de Sète se vantant au passage que du coup son cimetière serait bien plus marin. Hélas, les autorités municipales ne le permirent pas et il fut inhumé, comme tout le monde, au cimetière des pauvres du Py. Où il a visiblement bien plus de visites que Valéry. 
Et puis ensuite se baigner dans la mer, la mer toujours recommencée.

Frontignan

page en chantier

Montpellier


Délicieuse petite pause familiale. Pierre, le frère de Maïa, nous a proposé un fild’Ariane . Ses sept  lieux favoris à Montpellier. Un programme de découverte de la ville en sept points.
 
1. Le quartier Universités/Hôpitaux, un beau campus très vert. 


2. Antigone, de la place du Nombre d'Or à l'Hôtel de Région, le quartier néo-classique un peu délirant créé par Ricardo Boffil dans les années 80 et qui vieillit drôlement bien. Très vivant, très sympa.

3. La Gerbe, rue Chaptal un des hauts lieux du protestantisme, canal historique.

4. Les Arceaux et le Peyrou, auxquels on accède par la rue de la Flote et la rue Ricard. Un magnifique aqueduc créé en 1752 sur le modèle du Pont du Gard par l’ingénieur Henri Pitot (celui à qui l’on doit aussi  les fameux tubes de Pitot encore utilisés aujourd’hui pour calculer la vitesse des fluides et mis en cause dans les derniers accidents d’Airbus). 

5. La rue de l'Université et ses alentours. La vieille Université que fréquentèrent Pétrarque, Nostradamus et Rabelais et tout autour un labyrinthe de ruelles, des bouquinistes et des bistrots sympas.

6. Le Corum, immense nef en granit rose dessinée par Claude Vasconi qui abrite le palais des congrès et l’Opéra Berlioz. Et sa terrasse d’où l’on a une vue panoramique qui porte  par beau temps jusqu’à la Grande Motte

7. Le Lez du Parc Méric au Domaine de Lavalette. Une incroyable balade en pleine ville le long du Lez, un petit fleuve sinueux , souvent paresseux qui prend  par moments des allures amazoniennes avec des chutes, des bambouseraies et des arbres à racines aériennes. Des paysages extraordinaires célébrés par le peintre impressionniste Frédéric Bazille. Cette magnifique virée s’achève à Agropolis près des serres du CIRAD où jadis José faucha nuitamment des OGM.

Lunel



On a dû sauter Lunel à cause d’un retard de train. Le premier d’une longue série en Languedoc-Roussillon. Du coup on n’a pas bu sur place du fameux muscat de Lunel  ni photographié la réplique de la statue de la Liberté sur la place de la République. Une étape du Liberty tour avec New-York, Tokyo, Colmar, Saint-Cyr sur Mer, Barentin, Roybon, Las Vegas, Paris (pont de Grenelle et Ile aux Cignes), Gourin…

jeudi 23 juin 2011

Nîmes


 Nemausus, HLM nîmois de Jean Nouvel


A Nîmes, deux célèbres vers holorimes  invitent à aller se promener « galamment de l’Arène à la Tour Magne». Cette chouette petite balade démarre avenue Victor Hugo, passe ensuite pile poil entre le Carré d’Art et la Maison Carrée pour se terminer dans les jardins de la Fontaine aux impressionnantes sources résurgentes. La Tour Magne est au sommet de ce grand parc méditerranéen en terrasses, propice à toutes sortes de galanteries.
Au pied de la tour deux personnes en tenue de gladiateurs combattaient devant une classe de lycéens tout en leur expliquant les règles et les usages de ce sport tombé en désuétude. C’est le rétiaire qui l’emporta. Il demanda alors aux élèves, comme cela se faisait dans les jeux du cirque, de décider du sort du vaincu en levant ou en baissant le pouce. Ils votèrent pour la mort. 
Nous goûtâmes aussi au nougat mou de Nîmes. Aux fruits rouges. Un délice.

Arles


 A quelques jours de l’ouverture des Rencontres d’Arles on l’a joué en photos et laissé parler les murs de la ville.


























mercredi 22 juin 2011

Marseille


le centre de Marseille

On a lu sur Internet que la superficie de Marseille excèderait celle du Caire. Une wiki-galéjade ? En tout cas il semble qu’il y ait un séreux désaccord sur la localisation du centre de la ville. Car on a aussi découvert qu’il y avait à Marseille deux bars du Centre, distants de 12 kilomètres. L’un, 32 place Dumas, dans le XIIème arrondissement. L’autre, 175 avenue Rabelais, dans le XVIème. Estimant que le véritable centre devait se trouver entre les deux nous avons marché et pédalé en ligne droite  de l’un à l’autre.

Notre premier point de référence est un bar PMU dans un quartier paisible, fifty-fifty ancien et moderne unifié par une marée de tuiles romaines. Au comptoir, des papis remplissaient des grilles et papotaient en marseillais sous un écran géant qui diffusait un documentaire sur les Galapagos.
Nous avons ensuite traversé  une portion de ville accidentée, syncopée, avec des alternances rapides de cités HLM, portions de vieux village, pâtés de maisonnettes, petits condominiums et belles propriétés. Le Centre, à mi-chemin,  à 6 km de notre point de départ, est aussi le point culminant de la promenade. Il est occupé par une ferme pédagogique qui pratique la vente directe. Une présence inattendue parmi les tours des quartiers Nord.
Notre second bar du Centre est à l’Estaque, chez Marius et Jeannette. Encore un endroit dédié à l’amélioration de la race chevaline. Déco minimaliste,  tables et sols jonchés de documents du PMU.  Et que des hommes. Comment se fait-il qu’il y ait si peu de femmes turfistes ?  Nous sommes arrivés à l’heure du Quinté. Quelle ambiance ! Aucun des chevaux favoris n’était à l’arrivée. Ils en ont pris pour leur grade.
A la gare de l’Estaque nous avons attrapé le Train de la Côte Bleue qui longe une sublime corniche de roches rouges déchirée en calanques baignées par une eau transparente. Un passage étoilé dans notre palmarès des plus beaux parcours  en TER.

De la Seyne-Six Fours à Marseille à saute horaire



Pour parcourir ce célèbre bout de Côte nous avons adopté la méthode du « saute horaire ». Descendre du train à des endroits choisis pour en repartir par le train suivant. Le temps dévolu à chaque étape est ainsi défini aléatoirement par les horaires de la SNCF.

32 minutes à Bandol. Le temps d’un apéro, histoire de savourer un verre du fameux rosé de Bandol. Avec des notes de fruits rouges, de pêche et de pain d’épice. C’est ce que nous a dit le serveur.

1h 27 à la Ciotat. Il a fallu se dépêcher pour arriver à tout faire : filmer l’arrivée d’un train en gare de La Ciotat. Rendre hommage à Jules Hugues, l’inventeur de la pétanque et aller voir l’Eden Théâtre, annoncé comme  le « plus vieux cinéma du monde ». (On va s’intéresser aux plus vieux cinémas du monde)

3 h 18 à Cassis. Ce moment on l’attendait depuis longtemps. Un bain dans les eaux limpides d’une des plus belles calanques de la Côte. Mais depuis la gare elles se méritent. Il faut d’abord descendre en ville (il faudra tout remonter au retour !), aller jusqu'au bout du port dans les odeurs mêlées de poisson frit à l’ail et de crème solaire. Puis pédaler longtemps sous un soleil de plomb pour finalement se faire barrer l’accès des calanques par les pompiers. A cause du mistral et des risques d’incendies y afférents. C’était pas un mistral gagnant.

Nous aurions pu continuer comme ça. Faire halte à La Penne sur Huveaune pour assister à une partie de Balle au tambourin, un cousin musical du tennis. Ou tenter de retrouver à La Pomme la Villa Bel Air où vécurent en 1940 André Breton, Victor Brauner, Max Ernst et de nombreux artistes et poètes réfugiés là en attendant un sauf-conduit et une place sur un  bateau pour l’Amérique. Mais nous étions surtout impatients de retrouver nos amis Chip et Jean-Marc installés depuis six mois à Marseille.

lundi 20 juin 2011

Saint-Tropez




Voyage de Saint Raphaël à Saint-Tropez en car Varlib. Ambiance survoltée par une bande de Brésiliennes volubiles en goguette et un chauffeur teigneux et tyrannique, seul maître à bord après Dieu. Résultat : une prise de bec avec un jeune voyageur énervé. Le ton monte, insultes, menaces et paraît-il incivilités. Le jeune homme en colère sera cueilli à l’arrivée par des gendarmes qui ne ressemblent pas du tout à Louis de Funès ni à Michel Galabru. Saint-Trop' non plus ne ressemble plus à sa légende.Trop de frime, fripes,  fric et surtout trop de monde pour un si petit espace. Bye bye, zazous, yéyés, jet-set.
Du coup on s’est installés plus au calme à l’intérieur du Café de Paris, le seul sur le port à avoir le wifi, et on s’est livrés à une petite  étude de tropézologie : dresser la liste des « Saint-Trop’ de… ». Voici les premiers résultats :

Le Saint-Trop’ d’Espagne : Peniscola
Le Saint-Trop’ de Turquie : Bodrum
Le Saint-Trop’ de Croatie : Hvar
Le Saint-Trop’ de l’Oranie : Bouzadjar
Le Saint-Trop’ de la mer Rouge : Port Ghalib
Le Saint-Trop’ de la Corse : Saint-Florent
Le Saint-Trop’ de Bahia : Morro de Sao Paulo
Le Saint-Trop’ de Crète : La Canée
Le Saint-Trop’ de Saint-Martin : Orient Bay
Le Saint-Trop’ de Belgique : Knokke-le-Zoute
Le Saint-Trop’ de Serbie-Monténégro : Budva
Le Saint-Trop’ de La Réunion : Saint-Gilles
Le Saint-Trop’ de la Grèce : Mykonos
Le Saint-Trop’ de Sardaigne : Porto Cervo
Le Saint-Trop’ d’Italie : Panarea
Le Saint-Trop’ de Pologne : Sopot
Le Saint-Trop’ de la Région parisienne : Port-Cergy
Le Saint-Trop’ de New-York : Nantucket
Le Saint-Trop’ de la République Dominicaine : Bayahibe
Le Saint-Trop’ de la Tunisie : Sidi Bou Saïd
Le Saint-Trop’ de Russie : Odessa
Le Saint-Trop’ de Moselle : Rhodes

Saint-Raphaël




L’occasion était trop belle de faire du tourisme préraphaélite : séjourner dans un des villages juste avant Saint-Raphaël et s’y faire peindre ou photographier avec le regard évaporé. C’est ainsi que nous sommes descendus à l’Etap Hôtel de Fréjus. On vous fait grâce de la photo.
A Saint-Raphaël nous aurions bien aimer visiter l’Ile d’Or qui a, paraît-il, servi de modèle à Hergé pour l’album de Tintin : « L’Ile Noire ». Un petit bout de caillou en Méditerranée avec juste une tour « sarrasine » construite en 1913 par le propriétaire d’alors qui en fit un micro-royaume indépendant. Mais d’une part l’île d’Or est toujours une propriété privée. D’autre part, n’appartenant pas au territoire continental de la France métropolitaine elle est en dehors de notre parcours.


dimanche 19 juin 2011

Cannes



Quand on a deux heures à tuer à Cannes, on peut se livrer à un exercice pérecquien : la tentative d’épuisement d’un lieu azuréen.

Sur la Croisette il y a* :

1 monument au navigateur Alain Gerbault qui appareilla du port de Cannes le 25 avril 1923 à bord de son « Firecrest »  pour un tour du Monde en solitaire.
43 volées d’escalier soit environ 344 marches
1 tapis rouge
738 palmiers
7 jetées
1 monument à Virginie Hériot, navigatrice (1890-1932)
1 machine à graver des « mémodailles »
2 petits trains touristiques
2 lunettes de plages à monnayeur
1 caddie abandonné
2 cabines téléphoniques
6 distributeurs de metro
35 caméras de vidéo-surveillance
8 kiosques à sandwiches, pans-bagnats, paninis, gaufres, boissons chaudes et fraîches 
1522 transats et autant de parasols
2 WC publics
37 restaurants de plage
143 poubelles
1 benne à verre
52 douches
2 stands de glace « à l’Italienne »
8 citydog (distributeurs de sachets à déjections canines)
54 bancs anti-clochards
1 reproduction d’une toile de Picasso (« La Baie de Cannes » 1958) sur un panneau métallique émaillé installé à l’endroit exact d’où a été peinte l’originale.
2 stands d’artistes et une trentaine de leurs œuvres ( aquarelles et acryliques sur papier)
1 panneau « plage labellisée Pavillon Bleu »
1 fontaine d’eau potable (gratuite)
414 chaises bleues (en libre disposition)
11 affiches proclamant : « Vidéoprotection : Cannes la ville la mieux équipée de France/ une caméra pour 280 habitants »
9 arceaux à vélo

* comptage non sécurisé

Antibes



                                         Vue depuis la maison du peintre Nicolas de Stael (1914-1955)

On avait décidé d’explorer la baie des milliardaires. Seule manière réaliste pour nous d’appartenir, ne serait-ce que quelques heures, à ce club très fermé : gagner vite fait le gros lot à un truc à gratter. De l’aléatourisme. Si on gagne on claque tout dans l’après-midi si on perd on ne dépense rien. Pas un kopek jusqu’au soir . C’est ce qui est arrivé. Heureusement les baignades et les somptueux paysages sont gratuits et puis il n’y a pas de magasin, pas de bistrot dans cette réserve dorée, rien à dépenser. Disons le tout net pour éviter tout suspense inutile on n’a pas  vu de milliardaires ou alors peut-être de loin dans un de ces énormes yachts qui mouillaient dans le golfe. Dont un battant pavillon de la République Populaire de Chine.

samedi 18 juin 2011

Nice



On peut visiter Nice, la plus russe des villes françaises à la Russe. En se rendant de l’un à l’autre des lieux de cette présence russe qui remonte au temps des tsars. Et vodka à gogo !

Rue Nicolas II, la splendide cathédrale orthodoxe Saint-Nicolas dont la propriété fait actuellement l’objet d’un litige entre une association cultuelle locale et la Fédération de Russie. Un procès devant les tribunaux français est en cours.

23 rue Gounod, L’Hôtel Oasis où séjourna Lénine et où Tchekhov mit une dernière main aux « Trois sœurs ».

37 Promenade des Anglais, L’Hôtel Negresco où vécut quelques mois Nabokov.

La faculté des sciences Nice-Valrose où l’ancien propriétaire des lieux, le baron russe Paul Georgevitch Von Derwies, avait fait construire autour de 1880 une isba en rondins acheminée en pièces détachées depuis Odessa. Elle est toujours en place et est considérée comme la seule isba russe en France.

Le cimetière de la Caucade où reposent de nombreux exilés russes. René Gosciny y a aussi été enterré avant d’être déplacé vers un autre cimetière de Nice, celui du  Château (comme quoi le dernier voyage…)

Le port où s’amarrent les yachts des oligarques.

L’ancienne gare du Sud des Chemins de Fer de Provence, bâtie avec la verrière récupérée sur le pavillon russe de l’expo universelle de 1889.

La gare SNCF de Nice d’où repart depuis quelques mois le train de luxe Nice-Moscou.

Mais si vous voulez en savoir plus sur la Russie à Nice il faut commencer par aller à l’Isba, 1 rue Bottero. C’est un petit complexe commercial constitué par un magasin d’artisanat russe, une épicerie fine russe, un sauna russe (avec  billard )  et un restaurant, « le Transsibérien », qui propose bortsch, okrochka, caviar,  goloubtsi et pirojok. Patrick Calvin tient ce haut lieu de la Russie niçoise depuis 35 ans. Il avait commencé par y ouvrir un restaurant  qui proposait des spécialités du Sud-Ouest de la France mais aussi, son pêché mignon, des poissons séchés ou fumés : saumon, flétan, anguille. Des spécialités dont les Russes blancs de la ville étaient friands et ils devinrent ses meilleurs clients. Du coup il s’intéressa lui aussi à la Russie, y fit  de nombreux voyages et finit par embaucher un cuisinier russe.

le Train des Pignes



Pour aller de Digne à Nice on quitte la SNCF pour la compagnie des Chemins de Fer de Provence et son fabuleux Train des Pignes ainsi nommé parce qu’à ses débuts, il y a exactement 100 ans, on alimentait la loco avec des pommes de pin. Aujourd’hui c’est un autorail rouge ultramoderne qui nous emmène le long d’une succession de torrents aux eaux gris vert (l’Asse, le Verdon, la Vaïre, le Coulon, le Var ) dans des paysages de montagne fantastiques : demoiselles coiffées, éperons rocheux, ruines de châteaux forts, villages fortifiés, maisons troglodytes… Les Chemins de fer de Provence c’est nettement plus épique et peinard que la SNCF. De temps en temps le train s’arrête quelques minutes pour en laisser passer un autre. Du coup tout le monde descend sur le bord des voies pour fumer, prendre des photos ou même visiter l’exposition de fossiles de la gare de Barrême. A Plan du Var il faut prendre un car à cause des travaux sur la voie. Mais à l’entrée de Nice on remonte dans une vieille automotrice déglinguée et cahotante qui fait un boucan d’enfer sur des rythmes syncopés. Des riffs de batterie jazz pour notre première vision de la mer et de la Baie des Anges.

vendredi 17 juin 2011

Digne



Si vous êtes comme nous amoureux de randonnées à pied et d’art contemporain offrez-vous un séjour à Digne, au cœur des Préalpes. Pendant plus de dix ans, le musée Gassendi a entretenu un compagnonnage artistique avec  Andy Goldsworthy, l’un des principaux représentants du Land Art . Tous les étés, celui que tout le monde ici appelle désormais  « Andy » est venu travailler plusieurs semaines voire plusieurs mois à Digne. Il y a créé « in situ » plusieurs séries de sculptures à partir de galets, roches, bois flottés ou végétaux recueillis dans le lit de torrents de montagne. Des travaux éphémères que les flots ont fini par emporter mais dont il reste des traces photographiques au musée. Goldsworthy a aussi réalisé tout autour de Digne, dans la réserve géologique de Haute-Provence, des œuvres pérennes en pierre. Des cairns, des sculptures monumentales installées en pleine nature ou dans des refuges pour randonneurs auxquels on accède par des chemins balisés. Dommage, on n'a pas eu le temps cette fois-ci mais on reviendra.

Veynes



                                                 Adrien Ruelle (1815-1887) créateur du nœud ferroviaire de Veynes.

Le trajet en TER de Grenoble à Veynes est une expérience extraordinaire dans des paysages sublimes qui évoquent l’Ouest américain, du moins comme on l’imagine, comme dans les westerns. Des montagnes couvertes de résineux, des canions à perte de vue et des petites gares dont les noms s’affichent sur des plaques  émaillées piquées par la rouille : Vif, Monestier de Clermont, Lus la Croix Haute…
Il semble qu’à Veynes, bourgade médiévale des Hautes-Alpes, se soit fixée une petite tribu de travellers rangés des Saviem et des meutes de chiens pour continuer à vivre à la cool de petits boulots. Qui un snack bio, qui une brocante. D’autres ont conservé leurs platines et mixent à l'occasion dans des fêtes techno organisées alentour.
A la terrasse du bar de l’Hôtel Moderne, au fil des tournées d’amer-bière on évoque les voyages.  Le Portugal, le Maroc, les Philippines, l’Afrique… On se souvient de festivals homériques à Eindhoven, Prague ou Budapest et on disserte jusqu’à la fermeture sur les mérites respectifs des squats artistiques d’Amsterdam, Lisbonne ou Berlin. On pratique aussi le « café suspendu », une petite trouvaille économique sympa qui consiste au moment de l’addition à payer un café sans se le faire servir. A charge pour le taulier de l’offrir à l’occasion  à un client sans le sou, un « galérien » de passage.
Veynes qui fut aussi une importante halte ferroviaire sur la ligne Paris Lyon Méditerranée perpétue le souvenir de cette glorieuse époque par un délicieux petit  Ecomusée du Cheminot.